[Analyse] Réforme de la CEEAC : Avant, après… ce qui va vraiment changer

Les onze chefs d'Etat et de gouvernement lors du sommet extraordinaire de la CEEAC mercredi 18 décembre 2019 à Libreville © DR

La réforme de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) a été validée mercredi 18 décembre à l’issue de la 9e session extraordinaire des chefs d’Etat des pays membres de cette institution d’intégration régionale tenue dans la capitale gabonaise.

C’est historique. « Il y a aura un avant et un après », s’est d’ailleurs félicité hier Ali Bongo Ondimba, le chef de l’Etat gabonais et président en exercice de la CEEAC, à l’issue de l’adoption d’une réforme institutionnelle inédite destinée à favoriser l’intégration dans une sous-région en retard de ce point de vue par rapport à d’autres ensembles sous-régionaux sur le continent (SADC, EAC, CEDEAO…).

Le numéro un gabonais, qui effectuait à cette occasion son grand retour sur la scène internationale, a de quoi se réjouir. En faisant adopter des documents qui apportent des changements majeurs notamment sur le protocole du traité instituant la commission de la CEEAC, le Conseil de paix et de sécurité de l’Afrique centrale (COPAX), le règlement financier, le cadre organique et le statut du personnel révisé de la Communauté, il a remporté une victoire diplomatique majeure, résultat d’un effort de quatre ans débuté lors du sommet de N’Djamena en juin 2015.

D’une manière générale, l’ambition des dirigeants de la région est de réformer en profondeur l’institution afin de renforcer l’intégration dans cette zone, présentée comme le maillon faible de l’intégration en Afrique, « la région la moins intégrée physiquement et humainement ».

Dans le détail, le secrétariat général de la CEEAC disparaît et se voit rebaptisé « commission de la CEEAC ». Il sera doté de pouvoirs accrus. De nouvelles institutions seront créées, à l’instar d’un Parlement communautaire, d’une Cour de justice et d’une Cour des comptes. Un engagement fort a par ailleurs été pris pour assurer l’autonomisation financière de l’institution. Les pays membres sont en effet encouragés à collecter et à reverser à la commission la taxe communautaire d’intégration (TCI). Quant au COPAX, qui vise à la mise en place d’un espace de sécurité et de stabilité commun aux onze pays de la sous-région, il sera désormais mieux intégré dans l’architecture institutionnelle globale.

La CEEAC institutionnellement mieux armée

« La réforme semble très technique en apparence », commente un ex-secrétaire général de cette organisation, « mais c’est un tournant majeur. Désormais, la CEEAC est armée institutionnellement pour plus d’intégration politique, de coopération économique et sécuritaire. Inévitablement, une meilleure coordination engendrera davantage d’efficacité ».

Pour rappel, la CEEAC regroupe onze Etats membres à savoir l’Angola, le Burundi, le Cameroun, la Centrafrique, le Congo-Brazzaville, le Gabon, la Guinée équatoriale, la République démocratique du Congo (RDC), le Rwanda, São Tome et Principe, et le Tchad. Tous ces Etats représentent plus de 6,6 millions de km² et un marché de 187 millions de consommateurs.

Le prochain sommet de la CEEAC est prévu durant le premier semestre de l’année 2020.