[Analyse] L’Union européenne en « opération reconquête » au Gabon

Le président Ali Bongo Ondimba s'entretenant avec l'ambassadrice de l'UE au Gabon jeudi 6 décembre à Libreville @ DR

Après une période de froid due à des divergences de vue sur les troubles post-électoraux de 2016, l’Union européenne s’est de nouveau lancée dans une opération séduction au Gabon. En cause, la concurrence de plus en plus vive avec les nouveaux partenaires du Gabon issus des pays émergents, mais aussi la perspective de la renégociation des accords de Cotonou ou encore le nécessaire appui de Libreville à la défense de l’accord de Paris sur le climat. 

Elle ne ménage pas ses efforts. Depuis son accréditation en octobre dernier, la nouvelle ambassadrice de l’UE au Gabon, Rosario Bento Pais, a multiplié les initiatives.

Ce jeudi 6 décembre dernier, elle s’est entretenue avec le numéro un gabonais. « Au centre de mon récent entretien avec le Président de la République, S.E.M. Ali Bongo Ondimba, le renforcement de la coopération bilatérale, la création d’emplois en faveur des jeunes, la préservation de l’environnement, et l’entretien des voiries urbaines », a-t-elle indiqué sur son compte Twitter.

Le lendemain, vendredi 7 décembre, l’UE annoncé dans un communiqué le lancement d’une opération « Plages Propres » qui s’étend de la plage de la Fondation Jeanne Ebori jusqu’à la Sablière. Une opération menée de concert avec le Haut-Commissariat à l’Environnement et au Cadre de Vie (HCECV) ainsi que les Mairies de Libreville et d’Akanda.

Si l’UE a multiplié les initiatives ces dernières semaines, c’est en raison notamment de la reprise du dialogue politique entre l’Union européenne et le Gabon, intervenue lundi 25 novembre (lire notre article). En toile de fond, la renégociation des Accords de Cotonou régissant les relations commerciales entre l’Europe et les pays ACP. Dans cette perspective, Bruxelles a indispensablement besoin de Libreville, dont la diplomatie est réputée influente sur le continent. D’autant que le temps presse. Un accord doit être trouvé dans les semaines à venir, avant l’arrivée à terme de la précédente convention conclue en juin 2000.

Outre les nouveaux accords ACP, la diplomatie européenne a également besoin du concours du Gabon dans le cadre de sa diplomatie environnementale, notamment pour bénéficier du soutien des Etats africains dans la défense de l’accord de Paris sur le climat conclu en 2015. Le pays est en effet l’un des plus entreprenants en la matière sur le continent africain. Le président Ali Bongo lui-même, très impliqué à titre personnel, est à la tête du CAHOSCC jusqu’en janvier prochain. Fait historique, en septembre dernier, pour la première fois, un pays (la Norvège) en l’occurrence en a financé un autre (le Gabon) à hauteur de 150 millions d’euros pour son action en faveur de la protection de la forêt.

Mais il est un autre facteur qui a incité l’Union européenne à revenir ces derniers temps à de meilleurs sentiments envers le Gabon. La concurrence des pays émergents (Inde, Chine, Singapour, Russie, Turquie, Brésil…), qui se pressent au Gabon a remis en cause nombre de positions autrefois détenues par les Européens. Désormais, ceux-ci doivent jouer des coudes pour se faire une place au soleil. Les temps ont bien changé.