[Analyse] De plus en plus concurrencée, l’Union européenne opère un virage à 180° dans sa stratégie vis-à-vis du Gabon

La directrice Afrique du service européen pour l’action extérieure, Rita Laranjinha (à gauche), s'est entretenue jeudi 15 juillet 2021 à Libreville avec la première ministre Rose Christiane Ossouka Raponda © DR

La directrice Afrique du service européen pour l’action extérieure, Rita Laranjinha, était en visite de travail cette semaine au Gabon. Elle s’est entretenue hier, jeudi 15 juillet, avec la première ministre gabonaise, Rose Christiane Ossouka Raponda. Après avoir tenté – sans succès – de passer le gant de crin dans la foulée de l’élection présidentielle de 2016, l’Union européenne a changé de tactique vis-à-vis du Gabon, revêtant désormais un gant de velours. Il faut dire qu’elle fait face à une concurrence de plus en plus rude de la part de la Chine, de la Russie, des Etats-Unis, des pays d’Asie du sud est ou encore de la Grande-Bretagne.

« Cette visite est l’occasion de venir préparer le futur de la coopération bilatérale entre l’Union européenne et le Gabon. Nous sommes entrés dans une phase où nous préparons l’intensification de la coopération du Gabon et l’Union européenne pour les années à venir », a déclaré hier, jeudi 15 juillet, lors du conférence de presse Rita Laranjinha.

« Des domaines prioritaires ont été identifiés : la transition verte, la croissance et création d’emplois. De même, «nous continuerons à travailler au tour des axes de la gouvernance et la promotion des droits de l’homme », a indiqué la directrice Afrique du service européen pour l’action extérieure précisant qu’il s’agit d’un cadre de coopération bilatérale auquel s’ajoutera l’investissement de la Banque européenne d’investissement (BEI), qui prépare des projets d’investissement – « une grande première », comme l’a fait observé la première ministre gabonaise – au Gabon et la participation du Gabon au programme de coopération régionale.

Cette visite marque un virage à 180 degré de la diplomatie européenne. Après avoir tenté de souffler le froid suite à l’élection présidentielle de 2016, l’UE entend désormais souffler le chaud et se montrer agréable aux yeux des autorités gabonaises. Mais aussi se montrer davantage concret que par le passé où les discours ont eu tendance à remplacer les actes.

Il faut dire que l’UE est de plus en plus sous pression de concurrents qui disposent d’arguments très convaincants et dont les modèles de développement ne sont pas dénués d’attraits. C’est le cas de la Chine, de la Russie, des Etats-Unis, des pays d’Asie du Sud-est, de l’Inde, de la Turquie ou encore de… la Grande-Bretagne qui a définitivement quitté l’UE en début d’année au terme du long processus du Brexit. Pour convaincre, l’Union européenne doit désormais séduire.

Preuve de la volonté de la diplomatie européenne de se montrer sous un meilleur jour, la directrice Afrique du service européen des affaires externes n’a pas manqué de féliciter chaudement le gouvernement pour le nouveau mandat du Gabon au sein du conseil de sécurité des Nations unies, ainsi que pour celui au sein du Conseil des droits de l’Homme.