Agression à Paris du Pr Daniel Ona Ondo : la France incapable d’endiguer les violences sur son territoire à l’encontre d’officiels africains

Pr Daniel Ona Ondo © DR

Cette semaine, à Paris, une nouvelle agression a eu lieu à l’encontre d’un officiel gabonais. Des actes loin d’être isolés et qui ont tendance à se multiplier. Au point de s’interroger sur la capacité, voire la volonté, des autorités françaises à réprimer de tels agissements. 

A son tour, l’ancien premier ministre et actuel président de la commission de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), le Pr Daniel Ona Ondo a été cette semaine agressé dans les rues de Paris, la capitale française où il séjourne pour des raisons de travail. Ses agresseurs sont des activistes proches de l’opposant Jean Ping.

Circonstance aggravante, une vidéo de cette agression a été mise en ligne sur les réseaux sociaux. On y voit le professeur Daniel Ona Ondo, face à un groupe d’activistes déversant sur lui un tombereau d’injures. « Chien, assassin, criminel, terroriste », lui lancent-ils à la figure avec la volonté manifeste de l’intimider. Isolé face à plusieurs individus menaçants, la scène est pathétique ; les images choquantes.

Ces activistes, proches de Jean Ping, n’en sont pas à leur premier fait d’armes. En juin 2017, ils avaient violemment pris à partie le père de la Première Dame, Sylvia Bongo Ondimba, pourtant âgé de 80 ans. Régulièrement, l’Ambassade du Gabon en France est, quant à elle, l’objet de dégradations. Encore plus fréquemment, des manifestations de sympathisants de l’opposition gabonaise ont lieu à Paris, Place du Trocadéro ou ailleurs, en toute illégalité.

De tels agissements deviennent hélas de plus en plus monnaie courante en France. Et ils ne visent pas que le Gabon. Récemment, les ambassades du Congo-Brazzaville et du Cameroun ont, elles aussi, été victimes de violences. Des personnalités ont également été visées. En 2018, deux concerts de stars de la chanson congolaises (Fally Ipupa et Héritier Watanabe) prévus à Paris ont dû être annulés suite aux menaces proférées par des combattants, des sympathisants de l’opposition.

Pourtant, en ce qui concerne le Gabon, les auteurs d’agressions sont connus et identifiés. Il s’agit de partisans revendiqués de l’opposition, proche de Jean Ping. « Ces individus passent leur temps à critiquer la France. Pourtant, c’est bien elle, la France, qui leur a donné un statut de réfugié, pour on-ne-sait quel motif d’ailleurs, et les fait vivre grâce à des prestations sociales. Ce système est totalement ubuesque », persifle un officiel gabonais qui pointe du doigt la déconnexion de certaines élites hexagonales avec la réalité, un problème mis en exergue ces derniers mois à travers la crise des gilets jaunes.

Laxisme généralisé et sentiment d’impunité

« Si ces actes se répètent, c’est parce que les personnes qui les commettent jouissent d’un sentiment d’impunité, explique l’avocat d’un officiel camerounais à Paris. Des plaintes sont déposées mais aucune suite judiciaire n’est jamais donnée. Conséquence : ces individus se croient tout permis car ils ne font jamais l’objet de sanction. C’est incompréhensible », dit ce ténor du barreau, exaspéré.

Dans les capitales africaines, nombreux sont ceux à parler de laxisme. « Il est vraiment permis de s’interroger sur la capacité et, disons-le, la volonté des autorités françaises, à endiguer de telles violences. Que n’entendrait-on pas si tout cela se passait à Afrique et visait des citoyens français ? Vous imaginez, un peu. On a vraiment l’impression d’un deux poids, deux mesures », commente un professeur en relations internationales de l’UOB.

Un autre avocat, qui compte plusieurs officiels congolais parmi ses clients, tente, toutefois de tempérer en expliquant que le problème est d’ordre plus général. « Il y a en France un problème d’insécurité grandissante que l’Etat a de plus en plus de mal à endiguer. Les poursuites judiciaires ne sont pas toujours menées. Et quand les peines sont prononcées, beaucoup ne sont pas exécutées. D’où un sentiment généralisé d’impunité », indique ce juriste.

Quoi qu’il en soit, il est pour le moins permis de s’interroger sur ce qui s’apparente à une forme de laxisme. A coup sûr, pareils événements, qui ont tendance à se multiplier, ne peuvent que contribuer à distendre à terme les liens entre les pays d’Afrique et la France. De tels agissements seraient en effet inimaginables partout ailleurs, que ce soit en Chine, en Inde, en Turquie ou en Russie. Quant aux Etats-Unis, lorsqu’ils surviennent, ils sont très sévèrement punis en justice, dissuadant ainsi leurs auteurs de recommencer.