Afrique centrale : Le Tchad limite le débit d’Internet pour endiguer les « messages haineux »

Le président tchadien, Idriss Déby Itno © DR

Le débit des internautes tchadiens a été réduit pour éviter la propagation de « messages haineux » sur les réseaux sociaux, a fait savoir le ministre tchadien de la Communication à l’AFP. Une problématique à laquelle tous les Etats dans le monde sont confrontés. Le Gabon n’y échappe pas.

« La diffusion de messages d’incitation de haine et de division » a poussé le gouvernement à prendre « cette mesure temporaire » le 22 juillet, qui sera « levée d’un moment à l’autre », a précisé le ministre Mahamat Zene Cherif, porte-parole du gouvernement.

Des responsables des télécoms tchadiens affirment sous couvert d’anonymat que cette décision est liée à la diffusion d’une vidéo où un officier tchadien, lors d’une altercation avec des mécaniciens le 14 juillet, tire à bout portant sur deux d’entre eux avant d’être lui-même attaqué à l’arme blanche. Selon un communiqué du procureur de la République, « un des jeunes succomba des suites de ses blessures » tandis que l’officier, hospitalisé, « sera traduit en justice une fois guéri ». Sur les réseaux sociaux, comme Facebook ou WhatsApp, la vidéo, d’une rare violence et accessible y compris aux enfants et aux adolescents, est très rapidement devenue virale.

A l’occasion des célébrations de l’Aïd al-Adha, le 31 juillet dernier, le président tchadien Idriss Déby Itno a réagi sans évoquer directement le blocage d’internet ou la vidéo mais en mentionnant le service de messagerie WhatsApp et les VPN, des logiciels qui permettent de contourner le blocage de l’internet local.

« WhatsApp et VPN ne sont pas créés pour s’insulter, pour cultiver la déchirure du tissu national ou pour critiquer des ethnies », a tonné le leader tchadien.

Dérive insupportable

En Afrique comme partout ailleurs dans le monde, le mésusage des réseaux sociaux posent des problèmes de plus en plus graves. Au Gabon, ils sont à l’origine d’une vague de lynchages fin janvier sur fond de rumeurs – infondées – de disparition d’enfants.

De plus en plus en voix s’élève sur le continent, comme en Occident, pour mettre fin à ce qui apparaît comme une dérive insupportable. Pour beaucoup, l’espace virtuel devrait être régulé de la même manière que le champ réel.