Affaire Laccruche : Pour la Justice française, le bon vieux temps des colonies n’est pas tout à fait fini

La Justice française tente d'interférer dans les affaires intérieures du Gabon © DR

Un magistrat instructeur du tribunal de Paris, Elodie Meyrianne, saisi d’une plainte en détention arbitraire par les frères Brice et Grégory Laccruche, vient d’ordonner une commission rogatoire internationale en direction des autorités gabonaises. Une démarche sans précédent dans l’Histoire de la Justice française à laquelle Libreville entend opposer une fin de non-recevoir catégorique et définitive. 

Selon certains médias, l’objet de cette commission rogatoire serait « de questionner les autorités gouvernementales et judiciaires du Gabon sur le processus qui a conduit à l’incarcération des frères Laccruche à Libreville ».

Ce questionnement direct de la justice française à une justice étrangère sur son fonctionnement en termes de détention arbitraire pourrait être une première dans l’histoire judiciaire française.

Mais Libreville n’entent nullement y donner suite. « Imagine-t-on la France effectuer une démarche similaire vis-à-vis des Etats-Unis, de la Chine ou de la Russie ? La justice française doit comprendre que le bon temps des colonies est fini. Le Gabon n’est pas un département français », cingle un magistrat gabonais qui insiste sur le principe d’« indépendance » et de « souveraineté » de l’Etat gabonais.

Pour rappel, les frères Brice et Grégory Laccruche, respectivement ex-directeur de cabinet de la Présidence et ex-maire d’Akanda, ont été mis en examen fin 2019 par la Justice gabonaise pour, entre autres, complicité de détournements de fonds en bande organisée.