Accélération au Gabon de l’enquête sur la disparition des conteneurs de Kevazingo : déjà 200 d’entre eux retrouvés, le commanditaire identifié et des mises en examen ordonnées

Le procureur de la République, Olivier N'Zahou © DR

Dans cette affaire aux relents de corruption, la justice, en attendant de faire montre de sévérité, fait preuve d’une remarquable célérité. Il en va, il est vrai, de la crédibilité des autorités gabonaises. 

L’enquête sur la disparition des 353 containers contenant du Kevazingo au port d’Owendo s’accélère. Courant avril, ceux-ci avaient été dérobés à la justice qui les avait saisis puis placés sous scellé en mars dernier alors qu’ils s’apprêtaient à être illégalement exportés en Chine.

Ce lundi soir, soit près d’une semaine après sa première sortie sur l’affaire, le procureur de la République a indiqué que 200 de ces containers ont été « localisés » par les officiers de police judiciaire chargés de l’enquête. Selon Olivier N’Zahou, 71 de ces containers sont actuellement sur le site d’entreposage de la Société de transport du Gabon (Sotrasgab), et 129 ont été retrouvés sur le site de la société Owendo Containers Terminal, deux sites situés sur le port d’Owendo.

Le présumé commanditaire aurait, quant à lui, été identifié. Il s’agirait de François Wu, un entrepreneur chinois. De son vrai nom Wu Jufeng, il est le représentant de la société 3C Transit au Gabon, que les autorités judiciaires considèrent comme « la pièce maîtresse du réseau de trafic du Kevazingo au port d’Owendo ». En fuite, François Wu est « activement recherché » par la Justice.

Certains de ses complices présumés, parmi lesquels Zhu Kongfu et Amy Zang, ont d’ores et déjà été interpellés par les OPJ. Le Procureur de la République a indiqué que d’autres interpellations suivront. Lors de son point presse, celui-ci a affirmé que « des fonctionnaires publics des Eaux et Forêts et des Douanes (avaient) activement ou passivement favorisé la disparition desdits containers ».

Hors terrain judiciaire, la présidence du Gabon, par l’intermédiaire de son porte-parole, Ike Ngouoni, a fait savoir hier que des sanctions sévères et exemplaires seraient prises à l’encontre des responsables administratifs mais aussi politiques, y compris des ministres, qui « ont failli ». « Cette affaire est très grave. On ne se contentera pas de faire payer les lampistes », promettait hier un proche du Palais du Bord de mer.