Gabon : Les organisations de défense des droits de l’Homme inquiètes suite aux menaces visant les commerçants ouest-africains

En Afrique du Sud, une flambée de violences xénophobes a entraîné la mort de plusieurs personnes et fait des centaines de blessés © DR

Cette semaine, l’un des lieutenants de Jean Ping, candidat malheureux de l’opposition lors de la présidentielle de 2016, a menacé de représailles les commerçants et habitants d’origine ouest-africaine de Port-Gentil qui viendraient accueillir la semaine prochaine le directeur de cabinet du président Ali Bongo Ondimba, Brice Laccruche Alihanga, lors de son séjour dans la capitale économique du Gabon. Des propos qui font échos aux violences xénophobes qui secouent l’Afrique du Sud et qui suscitent de vives inquiétudes chez les organisations de défense des droits de l’Homme. 

« Si et seulement si un étranger se hasarde à se mêler de cette histoire, nous verrons ce que nous ferons après cela », a prévenu cette semaine Féfé Onanga, le principal lieutenant de l’opposant Jean Ping dans la province de l’Ogooué-Maritime, dont le chef-lieu est Port-Gentil.

Des menaces à peine voilées qui ont provoqué l’indignation au sein de la communauté ouest-africaine (lire notre article) et la réprobation chez les organisations de défense des droits de l’Homme.

C’est le cas notamment de Human Rights Watch. « Compte tenu des violences xénophobes en Afrique du Sud, tenir de tels propos est irresponsable. Nous condamnons fermement », a déclaré l’un des responsables de l’ONG en Afrique centrale.

Même tonalité du côté de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme. L’un de ses responsables à Paris parle de « signaux inquiétants » et appelle les principaux leaders politiques, dont ceux de l’opposition, « au calme »« On ne saurait justifier l’intolérable au nom du combat politique », souligne-t-il.

Outre les accusations de xénophobie et de racisme, Féfé Onanga est également accusé de tribalisme (lire notre article). Une dérive tout aussi inquiétante.

Ça n’est pas la première fois que le camp de Jean Ping est accusé d’agiter le chiffon rouge du racisme et de la xénophobie. En perte de vitesse sur le plan politique, il est contraint de radicaliser son discours pour tenter de conserver son leadership au sein de l’opposition. En août dernier, il avait nié l’origine gabonaise du directeur de cabinet d’Ali Bongo, Brice Laccruche, au seul motif que ce dernier est métis (lire notre article). Des propos d’autant moins compréhensibles que Jean Ping est, pour partie, d’origine chinoise.