[Analyse] Manifestations lycéennes, plainte contre Noureddin Bongo… Au Gabon, comment deux syndicats contestataires tentent de torpiller les discussions sur la réforme de la fonction publique

Jean Rémy Yama (DU) et Simon Nong Edzo (Conasysed) le 7 janvier 2020 à Libreville © DR

Gouvernement et partenaires sociaux pourraient incessamment convenir d’une trêve sociale de trois ans en vue de mettre en œuvre les recommandations issues du forum de la fonction publique qui s’est tenu la semaine dernière à Libreville. Une main tendue qui n’est pas du goût des syndicats contestataires, réputés pour leur farouche opposition au pouvoir.

Au Gabon, gouvernement et syndicats réformistes ont décidé de travailler main dans la main pour accompagner la réforme de la fonction publique. A cette fin, une trève sociale d’une durée de trois ans pourrait être conclue. C’est ce qui ressort du forum sur la réforme de la fonction publique qui s’est tenu du 8 au 10 janvier dernier à Libreville.

A cette occasion, tous les partenaires sociaux étaient présents, à l’exception notable des syndicats contestataires qui, au dialogue, ont semble-t-il préféré la confrontation jusque dans la rue. Deux d’entre eux se sont, ces derniers jours particulièrement illustrés.

La Conasysed d’abord, qui réunit les enseignants du secteur public. Pour les spécialistes des relations sociales au Gabon, c’est ce syndicat – dont le délégué général, Simon Nong Edzo, est un farouche opposant au président de la République – qui serait à l’initiative des protestations lycéennes la semaine dernière et encore ce lundi au Gabon (lire notre article).

Dynamique Unitaire ensuite. Ce lundi, jour de la remise du rapport sur la réforme de la fonction publique actant la volonté du gouvernement et des partenaires sociaux réformistes de travailler main dans la main, le président de cette confédération syndicale, Jean Rémy Yama, a fait le buzz sur les réseaux sociaux et dans les médias pour avoir, avec d’autres organisations proches de l’opposition (dont une dirigée par un autre syndicaliste Marcel Libama), déposé plainte devant la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite (CNLEI) contre Noureddin Bongo Valentin, le coordinateur général des affaires présidentielles. Une initiative d’avance vouée à l’échec, dont le but est moins judiciaire que médiatique (lire notre article), et qui ne relève en rien de son rôle de syndicaliste.

Pour ce spécialiste du droit social à l’Université de l’UOB, le timing de ces différentes actions (manifestations de lycéens moins spontanées que suscitées, plainte contre Noureddin Bongo Valentin) est tout sauf anodin. « Au Gabon, le front syndical est divisé entre syndicats réformistes et contestataires. Un peu comme en France entre la CFDT et la CGT (…) Les syndicats contestataires, au rang desquels figurent DU et la Conasysed, sont très hostiles à la conclusion d’un accord sur la réforme de la fonction publique. Ils tentent donc de le torpiller par tout moyen en multipliant les coups de boutoir destinés à créer un rapport de force antagonique avec les autorités », explique l’universitaire.

Selon lui, il ne faut pas chercher plus loin les raisons des manifestations d’élèves ces deniers jours et le dépôt de plainte ce lundi contre Noureddin Bongo Valentin.