Gabon : Induit en erreur par Dynamique Unitaire, un député français proche de Jean-Luc Mélenchon relaie des fake news

Le député français La France Insoumise, François Rufin © DR

Dans un communiqué publié vendredi 19 juillet, François Ruffin, député français de la France Insoumise, dit être préoccupé par « la disparition inquiétante de quatre syndicalistes » au Gabon. Problème : ceux-ci n’ont pas disparus, comme l’affirme l’élu. Ils ont été placé en garde à vue suite à des propos mensongers proférés par leur leader, Jean Rémy Yama, et remis en liberté depuis…

C’est ce qui s’appelle se prendre les pieds dans le tapis. François Ruffin, député de la France Insoumise, l’a appris à ses dépens en voulant évoquer la situation politique au Gabon. Il faut dire, à sa décharge, que l’intéressé ne connait pas grand chose au pays.

En témoigne son communiqué (plutôt un brûlot) publié vendredi 19 juillet dans lequel il s’inquiète de la « disparition de quatre opposants ». En réalité, Ruffin veut parler de la garde à vue des quatre syndicalistes de DU suite aux propos mensongers de leur leader qui a déclaré sans rire, le 2 juillet dernier, « Ali Bongo est mort, il n’existe plus ». Des propos graves, pénalement répréhensibles.

Il faut dire qu’en l’espèce, François Ruffin s’est contenté de restituer les éléments de langage de Dynamique Unitaire. « L’intéressé est pourtant journaliste de formation. Il aurait du savoir qu’il faut toujours recouper ses informations et ne pas écouter qu’un seul son de cloche, sourit un député gabonais », féru de vie politique française.

Imagine-t-on un opposant français dire : Emmanuel Macron est mort ? 

Au Gabon, ce genre de communiqué, sentencieux et anachronique, passe mal, selon ce professeur en science politique de l’UOB. « Si Ruffin ou un autre opposant avait lancé publiquement ‘Macron est mort, il n’existe plus‘, non seulement il aurait eu de gros souci avec la justice, mais il aurait été grillé politiquement et médiatiquement. Simplement, comme il s’agit du Gabon, certains élus français – car il ne faut pas généraliser – continuent de penser que dire de telles sornettes, ça n’est au fond pas si grave. Il y a beaucoup de morgue dans ce type d’attitude un réflexe néo-coloniale dont certains ont du mal à se départir », explique l’universitaire.

La France Insoumise, parti marginal d’extrême-gauche, dont le score n’a pas dépassé les 6,3 % lors des élections européennes de mai 2019, est coutumière de ce genre de saillies contre le Gabon. Reste que celles-ci n’ont aucun impact. « N’en déplaise à la France Insoumise, qui n’a qu’une vingtaine de députés sur 577, le Gabon est un Etat indépendant », sourit un responsable du PDG, le parti au pouvoir.  

Surtout, le point de vue exprimé par François Ruffin est marginal sur la scène politique française, indique un haut-diplomate français, fin connaisseur du continent africain. « Emmanuel Macron et sa majorité ont fait du Gabon un partenaire privilégié en Afrique centrale. Qu’il s’agisse du volet économique avec des entreprises comme Total, Eramet, Rougier, etc., de la lutte contre le terrorisme ou contre le réchauffement climatique, la France a besoin de l’appui du Gabon. D’autant que ce pays, contrairement à d’autres en Afrique de l’Ouest n’est pas pourvoyeur de migrants, qui est une véritable problématique en Europe », explique celui qui a fait une bonne partie de sa carrière en Afrique centrale, tout en insistant sur « la relation inter-personnelle très forte entre les présidents Emmanuel Macron et Ali Bongo ».

Et ce haut-fonctionnaire français de rappeler cette anecdote : « Le 8 janvier dernier, le président français fut l’un des tout premiers chefs d’Etat occidentaux à s’entretenir avec le président gabonais qui avait été victime deux mois et demi plus tôt d’un AVC ».